Donation au dernier vivant : protégez votre conjoint et optimisez la transmission de votre patrimoine

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La donation au dernier vivant est un dispositif juridique permettant d’assurer la protection du conjoint survivant et d’optimiser la transmission du patrimoine au sein d’un couple marié. En tant qu’avocat, je vous propose de décortiquer ensemble ce mécanisme afin de vous aider à mieux comprendre ses enjeux et ses modalités.

Qu’est-ce que la donation au dernier vivant ?

La donation au dernier vivant, également appelée donation entre époux, est un acte par lequel un époux donne à son conjoint, de manière anticipée, une part plus importante de son patrimoine que celle prévue par la loi en cas de décès. Elle permet ainsi d’améliorer les droits successoraux du conjoint survivant et d’assurer sa protection financière.

Cette donation doit être réalisée devant un notaire pour être valide et peut concerner tous les biens présents ou futurs, à condition qu’ils soient licites. Elle peut être révoquée à tout moment par le donateur, sans avoir besoin du consentement du bénéficiaire.

Pourquoi opter pour une donation au dernier vivant ?

Plusieurs raisons peuvent motiver le choix d’une donation au dernier vivant :

  • Protéger son conjoint : La principale motivation est souvent de garantir une sécurité financière au conjoint survivant. En effet, en l’absence de dispositions particulières, la loi prévoit une répartition des biens entre le conjoint et les autres héritiers (enfants, parents…) qui peut s’avérer insuffisante pour assurer un niveau de vie décent au conjoint.
  • Optimiser la transmission du patrimoine : La donation au dernier vivant permet également d’éviter certaines situations de blocage en cas de désaccord entre les héritiers, en donnant au conjoint survivant davantage de pouvoir sur la gestion du patrimoine.
  • Profiter d’avantages fiscaux : En fonction des options choisies dans la donation, il est possible de bénéficier d’exonérations ou de réductions de droits de mutation à titre gratuit.

Les différentes formules de donation au dernier vivant

La donation au dernier vivant offre plusieurs options au donateur, qui peut ainsi adapter la transmission de son patrimoine en fonction de ses objectifs et de sa situation familiale. Voici les principales formules :

  • L’usufruit universel : Le conjoint survivant reçoit l’usufruit de la totalité des biens du défunt. Il peut jouir des biens et percevoir les revenus générés (loyers, intérêts…), mais n’en devient pas propriétaire. Les enfants du défunt conservent la nue-propriété des biens et récupèrent la pleine propriété à la mort du conjoint survivant.
  • La quotité disponible : Le conjoint survivant reçoit une part plus importante que celle prévue par la loi. Cette part varie en fonction du nombre d’enfants : 1/4 en pleine propriété en présence d’un enfant, 1/3 en présence de deux enfants et 1/2 en présence de trois enfants ou plus.
  • La donation au dernier vivant avec charge : Cette formule prévoit que le conjoint survivant reçoive l’usufruit ou la pleine propriété de certains biens, à charge pour lui de verser une rente ou des capitaux à certains héritiers (en général les enfants du défunt).

Le choix des options et la révocation de la donation

Le donateur peut choisir une ou plusieurs options dans la donation au dernier vivant. Il est également possible de prévoir des clauses spécifiques pour adapter les droits du conjoint survivant selon les circonstances (par exemple, si le couple a des enfants communs ou non).

Il est important de préciser que la donation au dernier vivant est un acte révocable. Le donateur peut ainsi revenir sur sa décision à tout moment, sans avoir besoin du consentement du bénéficiaire. La révocation doit être réalisée devant notaire et prend effet immédiatement.

Fiscalité de la donation au dernier vivant

La fiscalité applicable à la donation au dernier vivant dépend des options choisies. En règle générale, elle bénéficie d’un régime fiscal avantageux :

  • Pour l’usufruit universel, aucun droit de mutation n’est exigible lors du décès du donateur.
  • Pour les autres formules, les droits de mutation sont calculés sur la valeur des biens reçus par le conjoint survivant, après application d’un abattement de 80 724 euros (en 2021) et d’un barème progressif.

Il est à noter que les donations entre époux sont également soumises aux droits de mutation à titre gratuit lors de leur réalisation, mais l’administration fiscale accorde un délai de paiement jusqu’au décès du donateur.

En conclusion

La donation au dernier vivant est un outil précieux pour protéger son conjoint et optimiser la transmission de son patrimoine. Elle offre une grande souplesse dans le choix des options et peut être adaptée en fonction des objectifs et de la situation familiale. N’hésitez pas à consulter un avocat ou un notaire pour vous accompagner dans cette démarche et vous aider à faire les meilleurs choix pour votre situation personnelle.

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